Il n'est ni inquiet, ni excité, ni entraîné ni révolté ;
il observe les événements avec recul, l'opinion des autres n'étant pas sa référence.
Vis-à-vis des tyrans à la mode, il marche la tête haute.
Il résiste à l'envahissement des préjugés et des idées reçues.
Au milieu des gens qui pensent encore que la vie n'a qu'un but, qui serait de parvenir à des places enviées, par le jeu subtil des protections et des influences, lui, qui n'attend ni honneur ni vaine gloire, ni même de récompense, il tranche sur les foules par un certain poids, une vraie consistance.
On reconnaît en lui une force. (...)
Il suit sa route au milieu des esprits confus et hésitants, qu'un agitateur de passage a vite fait d'enflammer.
Ni les menaces ni les promesses ne le troublent vraiment.
Il y a en lui une plus grande sérénité, un plus grand discernement, un plus grand esprit de décision, une vision plus ample et plus réaliste des problèmes.
Dans le monde bouleversé et instable où nous vivons, inquiétant à la fin, il est comme un refuge, parce qu'on sent qu'il resterait ferme quand bien même tout s'écroulerait autour de lui.
Quand on rencontre ces gens-là, c'est un événement qui compte dans l'existence.
Sans doute faut-il longtemps attendre, et un peu les chercher, car c'est bien un des malheurs de notre société, que sa très grande pauvreté en vrais hommes.
Ils appartiennent à un autre univers, qui doit être un des hauts lieux où souffle l'esprit. Et cet univers-là on devrait faire de temps en temps un peu d'effort pour chercher à l'entrevoir...."
Norbert Hugedé, "La force des lendemains", 1985, p. 30-31
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