L’autre jour, je faisais des courses au supermarché, et ma surprise fut grande lorsqu’au moment de payer le caissier m’a annoncée : « avant de payer, sur le terminal de carte de crédit, on vous propose de faire un don pour la ligue contre le cancer (pour certains de mes amis (ies), cette pratique est courante, ils pensent que je vis dans une grotte…).
J’ai personnellement trouvé ce procédé intrusif et violent de la part du supermarché.
Qu’il veuille participer soit ! mais il aurait été bien plus JUSTE qu’il soit proposé de se rendre volontairement dans une zone précise du magasin pour faire un don plutôt que de forcer la main aux gens.
Car ne vous y trompez pas le procédé en a la fonction. Sous le regard des autres, et dans le cas présent du client suivant et du caissier, nous subissons le poids social du BIEN et du MAL:
Soit nous faisons ce qu’on nous demande et nous sommes alors des gens BIEN, avec une BONNE MORALE.
Soit nous refusons et alors nous faisons quelque chose de MAL, et nous sommes de MAUVAISES personnes IMMORALES.
Il faut une bonne dose de connaissance et d’acceptation de soi pour être capable de dire non à cette pratique qui conditionne (à faire ce qu’on nous dit de faire) et catalogue (BONNE / MAUVAISE - le BIEN / le MAL), un des fondements de la pensée judéo-chrétienne : : le BIEN (PARADIS), le MAL (ENFER).
Le nudge exploite d’ailleurs ce principe occidental : « Le marketing incitatif (nudge) est l'une des formes les plus récentes de marketing. Il repose sur plusieurs méthodes : convaincre par l'argumentation l'utilisateur du bienfondé du choix qui lui est proposé, l'inciter à se comparer à d'autres ou augmenter l'effort nécessaire pour ne pas suivre la direction proposée. »[i]
Incitation ou manipulation ? cette pratique se justifie au travers de l’incitation à prendre de BONNES décisions environnementales ou sanitaires pour les annonceurs, gouvernements …
Mais qui décide du BIEN et du MAL ? Qui regarde en face cette pratique qui exploite le fonctionnement de notre cerveau à notre insu pour nous pousser à faire ce qu’on nous dit de faire ? cela donne certainement BONNE conscience à ceux qui l’utilisent (l’ENFER est pavé de BONNES intentions) mais cela n’en est pas moins de la manipulation.
Pour en revenir au supermarché, je n’ai pas pu m’empêcher de faire remarquer au caissier que ce n’était ni son rôle ni celui du supermarché de m’inciter à donner à la ligue contre le cancer, il m’a regardée comme un martienne qui ne comprend rien et m’a dit : « c’est pour vous faciliter la vie ».
Je n’ai pas donné, j’ai ressenti le poids du jugement sur mes épaules et je suis sortie du supermarché très en colère parce qu’on venait d’essayer de me prendre un peu de ma liberté de penser et d’agir (mon individualité).
Car nous avons théoriquement le droit de choisir ce qui est JUSTE pour nous même mais ce principe d’individualité est souvent remis en cause par un autre principe lui collectif qui est que le BIEN de tous supplante le BIEN individuel, toute personne dérogeant à ce principe est alors qualifiée d’individualiste, d’égoïste, d’imMORALe.
Ce qui est JUSTE c’est donner si on le souhaite et si on en a les moyens à des organisations qui partagent nos convictions :
Dans mon cas, ce sont les associations d’aide aux enfants maltraités
Dans le cas d’une de mes amies qui a eu un cancer, c’est à la ligue pour le cancer.
Ce qui est juste pour elle ou moi n’est pas ce qui est JUSTE pour vous et c’est tant mieux ainsi nous permettons tous à différentes problématiques de société d’être mises en lumière et traitées. On pourrait appeler cela l’individualité au service du collectif.
Ce qui nous rend en partie manipulable c’est notre méconnaissance du fonctionnement du cerveau et de la psychologie humaine, alors qu’il existe aujourd’hui de nombreux travaux sur ce sujet.
Travailler notre intelligence émotionnelle réduit considérablement ce risque par la connaissance de nous-même, de notre psychologie et de notre psyché car en écoutant nos ressentis émotionnels et physiques, nous devenons capables de sentir si la situation que nous vivons correspond à nos besoins ou pas.
En entreprise on appelle cela à tort une compétence (soft skill) alors que c’est un état d’être, une conscience de soi, des autres et du monde accrue qui permet d’être en prise avec la réalité telle qu’elle est et non telle qu’on la croit (notre cerveau nous fait voir ce que nous croyons et non ce qui est) et ainsi être capables de prendre des décisions JUSTES.
[i] Nudge marketing, https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/nudge-marketing-254962.htm#:~:text=Le%20nudge%20marketing%2C%20ou%20marketing,sur%20le%20comportement%20des%20consommateurs.
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