On en entend peu parler mais pour qu’un changement survienne, il faut une prise de conscience. Le fameux « mais oui mais c’est bien sûr ! », le visage illuminé comme une ampoule. Sans cela, on intellectualise les compréhensions que l’on a de nos mécanismes psychologiques et on reste incapable de trouver des solutions à des problèmes qui nous pourrissent la vie parfois pendant des années.
A travers de l’humour, le film Fung Fu et une anecdote de ma vie, je vous montre comment en finir avec des comportements plus nocifs que constructifs.
J’espère que vous éprouverez autant de plaisir à me lire que j’en ai eu à écrire. 😁
Connaissez-vous la série Fung Fu qui a débuté en 1972 où un enfant, « le petit scarabée », était initié par un maître Shaolin ?
Son maître était calme, serein, toujours zen et posé dans son discours … en tout cas c’est ce que moi j’en est gardé comme souvenir et ce souvenir est en fait la représentation de ce que la petite fille que j’étais en a fait.
Le pouvoir des croyances
Au contact de nos parents, des enfants à l’école, des lectures, visionnages de films, etc. et des situations que nous avons vécu enfants, nous avons déterminé une interprétation fixe des relations de couple, des relations sociales, de la sexualité, de la morale, de ce qui est juste ou pas, etc.
Ce sont ces croyances qui déterminent en grande partie notre façon de vivre les évènements, des certitudes ancrées en nous avec la fermeté et la capacité de se modifier de l’ordre d’un roc.
Elles sont la plupart du temps inconscientes et génératrices de comportements automatiques. Les croyances font focaliser sur les éléments de la réalité qui permettent de les conforter et de les consolider, le roc est donc encore plus dur et difficile à déplacer.
C’est comme cela qu’à l’âge adulte, je croyais encore qu’un Sage est un homme (jamais une femme) qui reste calme en toutes circonstances, c’est un maître irréprochable toujours impeccable dans sa communication et dans son comportement. Mais… ce genre de personne n’existe pas, ce n’est pas un être humain, c’est une interprétation idéalisée de la réalité.
J’avais pourtant entendu le moine bouddhiste Matthieu Ricard dire du Dalaï-Lama qu’il était colérique. Cela n’a pas changé ma croyance sur la perfection du comportement du Sage. J’ai tout simplement, comme nous le faisons tous, éludé l’information, sans m’en rendre compte, puisqu’elle ne correspondait pas à ma croyance.
Quant à la 40aine, je me suis interrogée sur le sens de la vie et que j’ai entamé mon chemin spirituel, j’ai bien évidemment cherché un guide qui ne pouvait être autre que la perfection de la sagesse faite homme !
J’ai donc eu un comportement automatique (réactionnel), qui, vous en conviendrez, ne s’appuie sur aucune logique fondée.
Mon modèle incluait que ce Sage devait être chauve et porter une robe de moine. C’est drôle, non ? 😂🤣Les croyances sont incroyablement puissantes car tant que je n’ai pas pris conscience que cette croyance erronée me portait préjudice, je ne l’ai pas remise en cause.
Bien évidemment, la réalité est tout autre puisque j’ai découvert que le vrai Sage hors appartenance religieuse ou philosophique comme les bouddhistes, ne se montre pas. Seuls ceux qui auraient besoin de travailler leur ego s’affichent notamment avec les critères physiques de mon imagination enfantine.
Trouver un coupable
Mon maître, Yoda, était très loin de ma représentation idyllique. Vous l’auriez croisé dans la rue, vous n’auriez jamais su que c’était, et il l’est toujours, une personne profondément croyante (foi) spirituelle, et en interaction permanente entre ce qui est visible et invisible.
La 1ère fois que nous nous sommes parlé, on ne s’est pas supporté ! et d’ailleurs cela nous a pris du temps pour arriver à nous comprendre. Quoi qu’il en soit, notre relation a toujours été compliquée. Et je peux l’avouer aujourd’hui, inconsciemment je lui en ai voulu de ne pas être le Sage dont je rêvais.
Cela aussi fait partie des problèmes de nos croyances erronées sur la réalité car nous cherchons à faire jouer aux autres et à nous-mêmes des rôles imaginés dans nos têtes. Ce qui inévitablement crée des tensions voire des situations conflictuelles puisque nous avons alors un comportement réactionnel.
Les réactions sont des comportements automatiques (inconscient) appris souvent pendant l’enfance et liées à des informations erronées fournies par notre esprit qui focalise sur les éléments de la réalité qui conforteront les croyances associées.
La logique générale est la suivante, une croyance limitante provoque systémiquement :
Des pensées plus ou moins conscientes qui la confirment comme par exemple penser que les intentions des autres sont malveillantes, irrespectueuses, mais aussi penser que les autres ne sont pas fiables, etc.
Des émotions en relation avec ces pensées et souvent elles sont négatives
Un comportement conditionné comme par exemple, être incapable de retenir sa colère, oublier de faire quelque chose pour lequel on s’est engagé, repousser les autres quand ils cherchent à créer des liens, etc.
« Quand 900 ans comme moi tu auras, moins en forme tu seras ! » Yoda
Sage, Yoda ? par moments et c’était du pain béni. Le reste du temps une tête de con, mais pour être honnête il n’avait rien à m’apprendre sur le sujet… Et je ne vous parlerai pas des noms d’oiseaux que nous nous sommes donnés respectivement….
Et puis j’ai rencontré, maître Miyagi qui m’a fait prendre conscience de ma croyance enfantine tout simplement en me racontant sa relation à son maître mais aussi par son propre comportement.
Car Miyagi, n’a rien à voir avec mon image du Sage, il parle de beaucoup de choses trop vite. Il passe d’un sujet à un autre sans transition, à se demander quand il respire. Ce n’est pas un calme, il a du mal à rester en place. Mais là aussi, on est face à un homme chevelu, spirituel et possédant une forte connaissance orientale du visible / invisible.
Son maître asiatique lui disait tout le temps « toi, con, comprendre rien», ils ont eu de nombreux conflits et Miyagi emploie, pour qualifier son maître et lui-même, le terme de têtes de con…
On est bien loin de l’image d’Epinal du film Fung Fu et de l’interprétation que j’en avais fait petite fille, vous ne trouvez pas ?
En tout cas, d’un point de vue psychologique, on ne peut changer que ce dont on a conscience et Miyagi, en me parlant de son histoire, m’a permis d’avoir cette prise de conscience de ma vision bisounours du Sage, c’est à ce moment-là également que je me suis souvenue du film Fung Fu.
La prise de conscience pour se libérer
La prise de conscience est la clé pour pouvoir changer un comportement inapproprié : celui de reprocher inconsciemment à Yoda de ne pas être l’être idéal que j’imaginais et dans les faits de me mettre en colère contre lui pour de mauvaises raisons.
« Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus.» Aristote, Éthique à Nicomaque.
La prise de conscience est aussi nécessaire pour ne pas tomber dans le piège de vouloir se comporter soi-même comme mon sage idéalisé par exemple.
Certaines personnes tombent dans le panneau avec l’un des 4 accords toltèques de Don Miguel Ruiz, « Que votre parole soit impeccable. ». La posture est intenable notamment parce qu’il s’agit d’une coquille vide puisque l’on choisit de vouloir ressembler à un idéal qui n’est pas soi.
C’est-à-dire que l’on interprète la signification de ces mots et on tente de se conformer à l’idée que l’on s’en fait plutôt que de déployer l’authenticité et l’intégrité nécessaires à une parole qui nous ressemble individuellement dédouanée de la bien-pensance.
Autrement dit, pour qu’une interprétation erronée puisse être vue et comprise, cela doit passer par le champ de l’expérience personnelle dans l’action mais aussi via un processus d’introspection et de transformation intérieure.
La vraie sagesse, c’est être capable de se remettre en cause quand cela est nécessaire. Un maître n’est pas un dominant mais une personne maîtrisant sa connaissance notamment parce qu’elle est passée au tamis de l’expérience. Il reste conscient d’être un éternel élève à l’inverse de l’élève qui cherche à devenir comme le maître.
« Le premier pas vers la sagesse, c'est de connaître ton ignorance. », Philip Dormer Stanhope
Je dédie cette publication à mon ami, Paul.
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